196                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
époque. Elles affectent toutes un ton jaune verdâtre d'une certaine monotonie, appliqué indistinctement à tous les sujets. On dirait un fond de verdure historié de grands personnages.
- Les bordures, cet élément essentiel de la tapisserie décorative-, prirent au xvi0 siècle un développement considérable. Malheureuse­ment les tapissiers flamands, et particulièrement ceux de Bruxelles, surchargés de commandes., ne pouvant suffire à tant de besogne, se contentèrent bien souvent d'entourer indistinctement tous les sujets de cadres composés de guirlandes de fleurs et de fruits, coupées .par des figures allégoriques en forme de Termes. Cette décoration, qui a surtout le défaut d'avoir été répétée à satiété, présentait à des ouvriers toujours pressés le grand avantage de se prêter à toutes les mesures, de s'allonger ou de se rétrécir à volonté. Les tapissiers du moyen âge se contentaient moins aisément. S'ils ne se faisaient pas scrupule de recopier maintes et maintes fois un sujet en vogue pour saJtisfaire aux exigences de leurs clients, du moins à chaque composition étaient appropriés des ornements en rapport avec la scène principale. Le succès mème de l'industrie bruxelloise devint une des causes de sa décadence. Il fallait pro­duire vite, mauvaise condition pour faire bien.
On avait à lutter en même temps contre la concurrence de plus en plus menaçante des villes voisines ; car, si les tapisseries bruxel­loises représentent, au xvi0 siècle, l'a plus haute expression de l'art textile, les métiers des villes voisines n'étaient pas restés inactifs. Chaque jour voyait naître de nouvelles manufactures, et les nations étrangères tentaient, elles aussi, d'énergiques efforts pour se sous­traire au tribut qu'elles payaient aux ateliers des Pays-Bas espa­gnols.
Nous allons passer en revue ces ateliers secondaires de la Flandre pour arriver ensuite aux essais faits en France, en Italie, en Alle­magne et dans les autres pays de l'Europe pour acclimater dans ces différentes contrées l'art de la tapisserie.
La Flandre ne fut détachée de la France, nous l'avons fait remarquer, qu'à la suite du traité de Madrid. Ses vieilles et con­stantes relations avec notre pays cessent à ce moment. Elle devient le théâtre de luttes sanglantes qui se prolongeront pendant plu­sieurs siècles. Tout d'abord, elle doit à la domination de ses nou­veaux maîtres une prospérité qui lui fait oublier la perte de ses vieilles libertés communales. Peu à peu le commerce et l'industrie